Nos aïeux dans notre quotidien ?

Aujourd'hui, la psychogénéalogie est une thérapie à la mode. De plus en plus de psychologues et psychiatres se penchent sur les arbres de leurs patients.
Depuis 50 ans, cette approche thérapeutique a fait ses preuves par la justesse des conflits qu'elle révèle chez les personnes qui consultent.

Sa pratique va bien au-delà d'une démarche psychologique, partie du cerveau consciente et gérable par la pensée. Elle met en évidence les mémoires dont nous sommes porteurs inconsciemment et qui viennent de nos ancêtres. On dit, travailler en biologie avec le cerveau archaïque.

 

Etablir son arbre ou génosociogramme, c'est aller à la découverte de ce que l'on appelle l'inconscient familial. Tout ce que nos ancêtres ont vécus et qui s'inscrit automatiquement dans notre cerveau archaïque dès notre conception : mémoires de deuils non faits, de perte d'héritage, accidents, ruptures, violence, abus...
En psychogénéalogie on parle «des dettes».

 

Nous sommes aussi porteurs des mémoires «positives» de notre clan comme les dons, les succès, fortune,  mariages heureux...
En psychogénéalogie on parle des «crédits».

 

Tout se passe dans le cerveau archaïque pour que ces mémoires s'inscrivent, «s'engramment» car - comme déjà expliqué dans d'autres articles - le cerveau fonctionne en terme de survie. Dans ce cas, la survie de l'espèce. Ce qui veut dire que par nos émotions, nos pensées, par les évènements que nous vivons, les personnes que nous rencontrons, nous ne faisons que répéter des histoires qui ont déjà eu lieu dans notre famille*.
Ainsi nous sommes bien issus de ce clan puisque nous expérimentons les mêmes évènements, portons les mêmes croyances qui nous conduisent à la même réalité.


Nous ne pensons pas, nous sommes pensés par notre cerveau. Nous ne décidons pas, nous sommes décidés !

 

Comment concrêtement étudier son arbre et commencer une approche en psychogénéalogie afin de découvrir les liens qui nous unissent avec certains de nos ancêtres ?


Il suffit de rédiger un petit arbre généalogique sur 4 générations, vous inclus.
Dans cet arbre sont notés les prénoms, les dates de naissance, de conception, de mariage, de mort de chacun des membres du clan.
Commencer par soi, ses enfants et continuer par ses frères et sœurs, parents, grands-parents et arrière-grands-parents.

 

Prenons l'exemple de Paul, André, Jean qui est numéro 1 dans sa fratrie et qui est né un 1/05/1957 donc conçu un 1/08/1956.
- Nous soulignerons tous les prénoms en amont qui seront identiques ou auront la même origine que ces 3 prénoms. Par exemple Pauline, Paulin, Andréa, Jeannette, Jeanine...
- Puis, nous ferons le lien par la date de naissance et la date de conception. Qui, dans le clan, a la même date de naissance ou de conception ? Sans oublier les fausses couches, avortements, enfants mort-nés ou morts en bas âge.
- Ensuite, vient le numéro de fratrie. Pour le cas de Paul qui est le premier de sa fratrie, nous rechercherons tous les numéros 1, 4, 7, 10... de l'arbre. En effet, en psychogénéalogie nous comptons sur 3 doigts, ainsi le 1 correspond au 4, au 7... Le 2 correspond au 5 et au 8... Enfin le 3 correspondance au 6 et du 9...
- S'ajouteront les dates de mariage et de mort en lien avec nos dates de naissance et de conception.
- Les dates d'évènements importants que nous comparerons avec les différentes dates de nos ancêtres.
- Sans oublier, le parrain, la marraine ainsi que les oncles et tantes en lien avec nos dates, prénoms et notre numéro de fratrie.
- Les métiers de chacun et la raison de la mort des membres de notre clan.

Reprenons l'exemple de Paul, André, Jean, numéro 1 de sa fratrie, né le 01/05/55, conçu le 01/08/54.


Il consulte pour la première fois le 05/05 quelques jours après son anniversaire. La date de la première consultation est toujours intéressante à noter car elle donne une idée sur la vraie raison de cet entretien sans qu'apparemment des faits extérieurs ne donnent aucune révélation d'un quelconque lien avec des faits ayant existé 2 ou 3 générations plus tôt.

Il consulte pour un poids qu'il sent depuis longtemps sur les épaules ainsi qu'une problématique de rétrécissement de l'aorte au-dessus de l'aine. Paul dit ne pas savoir qui il est, d’où il vient et ou il va, ce qui l'amène à ne pas s'affirmer puisqu'il ne trouve pas sa place.

 

Paul est celui qui se doit, inconsciemment, d'épauler (é-Pauler). C'est à dire de prendre en charge sur ses épaules les différents chocs du clan. L'étymologie du prénom André signifie l'homme qui tient debout, Le cerveau utilisant la symbolique: «en mémoire de ceux qui sont morts trop tôt». Jean est l’anagramme d'ange, les enfants décédés en bas âge, qui restent pour les parents des petits anges.


Le rétrécissement de l'aorte en décodage biologique, exprime un conflit de territoire soit professionnel, soit familial... ou la place en tant que chef n'est pas respecté. Ne pas prendre sa place et être supplanté par autrui.
Au-dessus de l'aine, le français étant un verbe porteur de sens, l'aine est ici à transcrire par la haine. Chaque maladie est significative d'un conflit propre à l'organe touché. En étant dans une écoute active des mots utilisés par le patient, on peut rapidement l'aider à cibler sa problématique.


Ainsi pour résumer sa demande, cet homme vient régler un conflit de territoire, ou il ne trouve pas sa place, dans lequel il se sent sous pression (l'aorte), dans un climat de haine. Une histoire qu'il porte sur ses é-paules depuis très longtemps.

Voici ci-dessus la partie de son arbre qui nous intéresse pour cette étude.

Suite à la lecture de son arbre voici le fil rouge des fidélités familiales invisibles :
1/ Il a les prénoms de son père et de son grand-père.
2/ Par son numéro de fratrie il est en lien direct avec son père Jean-Paul, son grand-père André et sa grand-mère Anne. Son père et sa grand-mère étant 1 comme lui et son grand-père 4, le 4 véhiculant aussi l'énergie du 1.
3/Par ses dates de naissance et de conception, il est en fidélité familiale invisible avec son père, sa date de conception correspondant à la date de naissance de son père. On compte au maximum sept jours avant et sept jours après.

Paul consulte le 5/05. Autour de sa naissance, son père déclare une tuberculose. La tuberculose est l'expression de la peur de mourir en décodage biologique. A fin de la dernière guerre il y a eu une recrudescence de tuberculose due aux conflits de peur de mourir, bien légitime en temps de guerre.
Paul va «engrammer» cette problématique au père dans le ventre de sa mère et en exprimera toute la douleur, en déclarant, 7 ans plus tard, lui aussi une tuberculose. Il sera emmené d'urgence par son père à l’hôpital dans un état comateux et prix en charge dans un sanatorium. Il y restera un an coupé de sa famille, n'ayant reçu aucune explication de ses parents, qui ne lui rendront visite que rarement. Séparé également de ses sœurs, il ne les verra que deux fois. Nous sommes autour du 18/04/61.
Isolé dans une chambre dont la porte comportait une petite vitre avec des barreaux (Dixit Paul).
Dans la semaine il devait se déshabiller dans une pièce, avec tous les petits tuberculeux de l’hôpital et subir une douche collective!! (souvenirs de honte et de vulnérabilité encore bien vivant chez Paul). Retenons bien cela.

Si son père, Jean-Paul, déclare la tuberculose, c'est suite à un important événement vécu par André, son grand-père. Jean-Paul a alors entre 20 et 22 ans. C'est la fin de la guerre, la peur de mourir était présente au quotidien.

André, le grand-père, va vivre une histoire douloureuse vécue dans un climat de honte, de haine, de solitude et de peur de mourir.
Le 1/08/1944, (date de conception de Paul) il est arrêté pour trahison envers la patrie, emprisonné dans une cellule (la porte comportait une petite fenêtre avec des barreaux), et jugé le 18/04/45 (date d'hospitalisation en sanatorium de Paul). L'histoire est chargée de tout ce qui a été découvert par la suite sur les juifs mis à nu et gazés sous des douches!! Nous touchons ici non seulement à l'inconscient familial mais aussi à l'inconscient collectif vécu par chaque cerveau ayant participé à cette période de notre histoire. La mémoire se transmet en aval de génération en génération).
Nous sommes bien dans un climat de honte, de haine, de solitude et de peur de mourir dans une problématique de territoire.

Des signes de faiblesse de l'aorte de Paul se manifestent le 25/04, six jours avant sa date d'anniversaire le 1/05. Nous sommes autour de la naissance, lorsque sont père apprend qu'il est tuberculeux. Son grand-père est jugé pour trahison (le 18/04). Paul est hospitalisé en sanatorium autour du 18/04. Il est plus qu'évident que nous sommes dans une répétition qui lie trois personnes par le numéro de fratrie, les prénoms et les dates anniversaires!

Paul sera opéré de l'aorte le 17/06 à deux jours près de la date de mort de sa grand-mère paternelle (15/06).
Pourquoi cette correspondance? Paul va expliquer:
C'est la grand-mère qui, femme de tête et femme d’autorité, va pousser son mari à s'engager, c'est elle qui va faire en sorte qu'il prenne du grade, qu'il agisse et se démarque auprès des forces opposées. André est sous la pression de sa femme, il agit sous son influence et sa force de persuasion.
Il est bien dans un conflit de territoire non seulement au sens large, nous sommes en guerre, mais aussi au sein de sa famille. Soumis aux directives de sa femme, sous pression sans possibilité de prendre sa place.

C'est de cela dont vient me parler Paul lorsqu'il consulte. Toute sa problématique réside dans un conflit qui ne lui appartient pas mais dont il a reçu l'héritage émotionnel et biologique. Il le traduira dans son quotidien par la difficulté à prendre sa place au sein de sa famille, la présence féminine étant prégnante. Le sentiment de ne pas être à l'intérieur ce qu'il est à l'extérieur, une peur de s’affirmer, de vivre au grand jour ses aspirations et ses sentiments profonds. N'oublions pas que Jean-Paul, le père de Paul aura deux grandes peurs: Sa peur de mourir lors de la guerre. La peur que son père soit fusillé et meurt suite au jugement. Sans omettre la honte des appartenances politiques de ce dernier.
Au niveau biologique cela se concrétisera par la tuberculose à l'âge de 7 ans et un rétrécissement de l'aorte, comme déjà expliqué plus haut.

Plusieurs romans peuvent apparaître dans un arbre. Ici un deuxième serait à soulever, celui des enfants morts. En effet, par les dates et les prénoms, on s’aperçoit que Paul épouse Christine le 14/01 (référence biblique au Christ sacrifié), à deux jours de différence avec le 12/01 qui est la date de conception de sa grand-mère Anne. Christine est n° 2 comme Mariette morte à 3 ans. Le cerveau n'aime pas le vide créé par la mort, l'abandon ou l'exclusion, il va faire en sorte que l'enfant disparu soit remplacé une ou deux générations plus tard.
Paul ramène à sa grand-mère Anne, son enfant Mariette-Christine tant regretté.

Toutes les dates des évènements sont des dates dites «anniversaires» qui commémorent pour le cerveau des faits ayants existé, souvent douloureux, qui n'ont pas été émotionnellement «digérés» par les ancêtres.
Ainsi notre cerveau joue bien son rôle premier de survie de l'espèce. Ne pas oublier...
Pour se libérer du poids des vécus familiaux, il faut retrouver l'histoire, le fil rouge qui lie chaque membre du clan à un roman qui n'est pas le sien.
Libérer la mémoire c'est aussi exprimer l'émotion dont elle est empreinte et qui n'a jamais été extériorisée.
Un chemin de compréhension, de prise de conscience de compassion et de pardon pour ce que nos ancêtres ne ce sont jamais pardonnés.